Une première lecture laisse apparaître une magnifique histoire de vies, d’amitié, de vie, d’amour et de mort.
Mais en se plongeant dans le texte, on comprend que Perlino Comment constitue une « épopée humaine » (au sens originel, de ἔπος : paroles du chant, ποιεω : créer), entièrement construite autour d’une quête, celle de Perlino, le héros de l’histoire : comment, muni de la seule magie de la poésie, réussir à redéfinir chaque jour les règles qui régissent sa vie, et ainsi réinventer, rêver son quotidien.
Ainsi, ce qui est réellement en jeu, c’est ce « combat ordinaire » que l’Homme doit mener chaque jour de sa vie pour échapper aux ténèbres de l’existence (ses renoncements, ses contradictions) ; qui lui permettra de dépasser – voire transcender – sa propre humanité, et par là-même accéder à la véritable liberté et au bonheur.
En préface de Percolateur Blues (2001), Melquiot énonçait d’ailleurs un aphorisme de Joë Bousquet qu’on pourrait également attribuer à Perlino : « Ce n’est pas le bonheur qui est le grand mobile des actions des hommes, mais le souhait inhérent à chacun de tes actes : ‘’ne pas être celui que je suis’’. »

La seconde composante essentielle de la dramaturgie de l’œuvre réside dans l’opposition entre mobilité et immobilité (autrement dit, la vie et la mort).
Les personnages ne cessent ainsi de basculer de l’un à l’autre : seul Perlino reste constamment mobile, quand les autres se figent (Alba en statue, Mimmo, sa mère), ou reproduisent les actions de leurs aînés (Alicia, Angela Angeli, Luciano, etc.). De même, s’ils parlent constamment de voyages, ils demeurent toute leur existence immobilisés dans le centre de Naples, puisque… leur voyage est avant tout intérieur !
Le temps reste également ainsi un élément particulièrement difficile à appréhender : si le récit suit la vie des personnages, il n’est pas rare au détour d’une phrase de sauter vingt ans ou de revenir dix ans en arrière ; comme de voir les périodes se télescoper.

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