Cette pièce est née d’un travail autour de la notion de frontière. La frontière physique évidemment, ligne de fuite (dé)limitant territoires et souverainetés, dont les contours mouvants sont souvent à l’origine des plus grands conflits humains… mais aussi la frontière poreuse de l’esprit humain, et son incapacité par moments à percevoir les limites entre réel et imaginaire.

Les trois personnages vivent ainsi chacun autour de cette frontière psychologique : quand la Sœur, affectée par une forme violente de décompensation, est incapable de retrouver le chemin de la réalité, l’Aîné est au contraire dans un déni inflexible de son imaginaire ; et le Cadet navigue entre deux eaux, dans la fiction à travers son écriture, et dans la réalité dans son discours et ses actes.

Dès l’écriture, il m’a paru évident que le texte ne constituerait qu’une partie – fût-elle centrale – de la réponse à l’objectif dramaturgique que nous avons fixé : signifier l’absence et sa conséquence directe, le traumatisme des trois personnages.
Aussi, l’idée d’utiliser d’autres formes artistiques dans la mise en scène (musique, lumières, projections sonores) s’est imposée, jusqu’à devenir aussi complémentaires qu’indispensables à la future création, composant (au sens musical du terme) le pendant du texte dit. Chacune de ces formes, dans leur pouvoir à distordre le rapport au temps et à l’espace, tout comme la perception « naturelle » des choses permet, me semble-t-il, de donner au plateau une dimension « d’espace-univers » poétique et onirique, plein d’étrangeté et de sensations.

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